L'eau partout.
Douce, salée, visible et invisible.
L'eau de pluie qui vient écraser leurs solides épaules et l'eau de mer qui, en rafales, vient fouetter leur peau tannée.
L'eau puissante, verticale, qui ruisselle sur leurs corps et l'eau sournoise, en fragile suspension dans ce crachin, qui les encercle et s'infiltre au plus profond d'eux.
L'eau qui voilent leurs visages, l'eau qui anéantit leurs espoirs, l'eau qui inonde la moindre parcelle de joie innocente.
L'eau grise, sale et poisseuse, stockée depuis des jours dans les nuages, qui vient se déverser sur eux et l'eau fraîche, légère et frivole, transportée par le vent marin, qui vient leur apporter des effluves d'ailleurs et leur fait croire que le bonheur existe, loin, très loin derrière cette ligne d'horizon.
La résistance sans espoir de ces hommes à cet élément incontrôlable, insaisissable, impalpable. L'impuissance de ces montagnes de muscles face à ce liquide ravageur.
Ils luttent comme ils peuvent, le dos vouté, la tête dans les épaules, le corps recouvert du ciré jaune, sachant pertinemment qu'ils en sortiront vaincus, qu'ils rentreront chez eux liquéfiés et qu'eux même ne sauront plus faire la différence entre leur propre sueur et celle de la nature. Et ils oublieront la journée sous l'eau de la douche, dans les vapeurs humides de la salle de bains. Et, avant d'aller se coucher dans les draps humides, ils avaleront le brouet préparé par leurs femmes, liqueur frugal qui leur servira de diner.
L'eau partout. L'eau toujours.
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