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mercredi 9 février 2011

La uña, Max Aub

Querida mujercita mía,
Siempre me dices que te cuente cosas de mis viajes. Créeme, esto es lo más tonto del mundo; todos los puertos son iguales y, na­turalmente, todos los países son los mismos; si no fuese por la lejanía que me separa de ti, me figuraría estar en nuestro puerto y surcando nuestro mar cons­tantemente; hace más calor, hace más frío, según; pero eso también lo tenéis vosotros naturalmente, sin moveros, con el invierno y el verano, no como noso­tros, que parece que nos los vayamos fabricando a placer.
El no poder vivir contigo en nuestra casa, es lo que me hace notar las distancias; miro el mapa y me digo; estoy a tantas horas de las zapatillas rojas con bordados negros, que me regalaste para mi san­to, hace dos años. Pero, referente a cuanto me pre­guntas acerca de impresiones nuevas, te repito que todo es igual a nuestro puerto y a nuestro mar. Lo demás, querida, son historias.

Ma chère petite femme,
Tu me demandes toujours de te raconter mes souvenirs de voyage. Crois-moi, il n'y a rien de plus inintéressant. Tous les ports se ressemblent et, par conséquent, tous les pays sont les mêmes. Si ce n'était la distance qui me sépare de toi, je m'imaginerais dans notre port, sillonnant sans cesse les flots de notre mer. Il fait plus chaud, il fait plus froid, c'est selon ; mais vous aussi, sans vous déplacer, avec l'hiver et l'été, tout naturellement vous avez la même chose, contrairement à nous qui créons, semble-t-il, les saisons à notre fantaisie.
Le fait de ne pouvoir vivre à tes côtés dans notre maison, voilà ce qui me fait ressentir l'éloignement. Je regarde la carte du monde et je me dis : « Je suis à des heures de ces chaussures rouges ornées de noir que tu m'as offertes pour ma fête, il y a deux ans ».
Mais, en ce qui concerne tes questions au sujet de mes impressions nouvelles, je te répète que tout est identique à notre port et à notre mer. Le reste, chérie, ce sont des histoires.

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